Communiqué de Jean-Luc Mélenchon
Ce jeudi 5 janvier, Nicolas Sarkozy présentait ses vœux au monde de l’éducation. Depuis des années, il est le destructeur conscient et acharné du service public de l’éducation. Par décence, il aurait dû se contenter de s’excuser de cette casse qui menace gravement l’avenir du pays.
Il a d’abord réduit les moyens humains alors que les besoins s’accroissent.
80 000 postes auront été détruits dans l’éducation depuis 2007. Pourtant, comme le notait la cour des comptes en mai 2010, la France affiche déjà le taux d’encadrement le plus faible de l’OCDE, en particulier dans le primaire (5 pour 100 contre 9 pour 100 en Suède ou au Portugal).
L’argument démographique avancé par la droite est de pure fantaisie. Depuis 2007 les inscriptions en primaires ont augmenté en moyenne de 14 000 par an, conséquence logique du dynamisme de la démographie française.
La dégradation du taux d’encadrement est en partie maquillée (37% d’enfants scolarisés avant 3 ans en 2001 contre seulement 13% en 2011) et en partie « absorbée » par la réduction des contenus enseignés (suppression de matière, programmes « allégés » au rabais).
Il a travaillé à la casse des statuts.
En imposant aux futurs enseignants une année de plus de formation, à leurs frais, il accroit la sélectivité sociale des métiers de l’éducation. Mais il s’agit aussi de former une « armée de réserve pédagogique » en vue de casser le statut de fonctionnaire d’Etat. En effet, que pourront bien faire tous les titulaires d’un master « métier de l’enseignement », recalés à des concours offrant de moins en moins de places ? De fait, la part de l’emploi précaire n’a cessé de croitre au détriment des conditions d’enseignement.
Une politique au service de la marchandisation du savoir.
Le recul du service public vise à créer un grand marché du savoir. Avec Nicolas Sarkozy, les officines de soutiens scolaires ont encore prospéré, bénéficiant toujours d’un avantage fiscal conséquent (50% de déduction d’impôt). Avec la suppression des IUFM, les préparations privées et payantes aux concours de l’Education nationale se sont aussi développées. Enfin, la droite a défendu avec constance les droits de l’enseignement confessionnel. « L’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé » affirmait Sarkozy en 2007 à Saint-Jean de Latran. Il a depuis fait tout ce qu’il a pu pour favoriser l’enseignement confessionnel : la circulaire Darcos d’abord, puis de la loi Carle (2009) obligent les communes à financer l’enseignement privé et favorisent le séparatisme social et confessionnel. Le monopole public de la collation des grades universitaires a été abandonné par un accord signé avec le Vatican (janvier 2008). Le « plan banlieue » a entre autres choses servi à créer un fonds de soutien aux établissements privés qui créeraient des classes dans les quartiers populaires. Par ailleurs la ventilation des postes a évolué en faveur du privé, en 2011 ce sont 1200 postes qui ont ainsi été transférés du public au privé.
Cette politique de casse est aussi une politique de classe.
En témoignent les inscriptions en baisse au lycée depuis 5 ans toutes filières confondues, en rupture avec l’effort historique de formation du pays, ou la réforme de l’enseignement professionnel (suppression du BEP, bac professionnel en trois ans au lieu de quatre) à l’issue de laquelle plus de jeunes risquent de sortir sans diplôme. Comme toujours, la droite couvre son incurie de poses moralisatrices, en poussant les familles au sauve qui peut individuel (suppression de la carte scolaire, « internats d’excellence » ne concernant que 0,8% des élèves de ZEP) et en blâmant les victimes (loi Ciotti permettant de pénaliser financièrement les familles, dont les enfants sèchent les cours). Il est trop facile d’incriminer les « familles démissionnaires » quand on organise soi-même la démission éducative de l’Etat républicain. C’est en tout cas plus facile que « créer des classes à 15» dans les ZEP (démantelées depuis) comme le promettait le candidat Sarkozy en 2007.
Lors de ces vœux, Nicolas Sarkozy a vanté « l’autonomie » qui a pourtant fait tant de dégâts dans l’enseignement supérieur. Son projet pour la présidentielle est d’appliquer le même modèle libéral aux établissements scolaires. Décidément, dans l’éducation comme partout, il est grand temps de tourner la page du sarkozysme pour reconstruire le service public, garant de l’égalité républicaine et de l’émancipation individuelle.
Jean-Luc MELENCHON