L’ÉDITO DE MARTINE BILLARD
La Commission européenne a donc envoyé en catimini ses fonctionnaires à Paris pour émettre hier des exigences quant à l’évolution économique et sociale de la France. Cette procédure relève de la scandaleuse disposition du semestre européen adoptée par toutes les forces politiques du parlement français à l’exclusion des députés et sénateurs au Front de Gauche, et qui consiste à contrôler les projets de budget des états avant même que les parlements nationaux aient eu à les voter.
Comme prévisible, la Commission a rabâché ses crédos libéraux : réformes structurelles sous peine de sanctions, allègement de la fiscalité sur le travail, plus de concurrence dans le commerce de détail, les services, les industries de réseau comme l’électricité et le transports ferroviaire, trop de protection légale des contrats de travail, et nécessité que les licenciements économiques puissent aussi être autorisés pour améliorer la rentabilité des entreprises, trop de réglementation en général. En résumé, ce que réclame la Commission, c’est la privatisation d’EDF et de la SNCF, l’ouverture des commerces 7 jours sur 7 et à toute heure, la casse du droit du travail et jeter les salariés au chômage pour que les actionnaires se remplissent un peu plus les poches.
Mais, comme la Commission en veut toujours plus, elle exige aussi que l’évolution des dépenses publiques soit inférieure au taux de croissance du PIB, qui étant actuellement de 0,2 % alors que l’inflation est attendue à 2,2 % pour 2012, signifierait donc une baisse des dépenses de 2 %. Ajoutées à la réclamation de la baisse des dépenses sociales et celles des collectivités locales, ce sont les mêmes recettes imposées dans toute l’Europe, et qui mènent à la récession, que veut imposer la Commission européenne à la France.
Si nous ne voulons pas subir une telle politique de régression, il n’y a qu’une solution : envoyer beaucoup de députés du Front de Gauche à l’Assemblée nationale qui sauront tenir tête à tous ceux qui accepteront de se soumettre aux diktats de la troïka européenne, à commencer par le nouveau gouvernement socialiste dont on n’a pas entendu beaucoup de rejet des prétentions libérales ainsi exprimées.
Martine Billard,
co-présidente du Parti de Gauche