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Avr 07

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Contre-sommet de l’OTAN : témoignage

La Savoie était le département le plus représenté de notre région Rhône-Alpes à la manifestation du « Contre-sommet de l’OTAN » . Nous étions prévenus avant notre départ : Strasbourg était littéralement en état de siège ; tout le centre verrouillé par un impressionnant dispositif policier et un itinéraire de dernière minute excentré vers le quartier du port autonome. Mais la réalité a dépassé de loin nos craintes.

Une situation rapidement explosive

D’abord un long parcours à pied pour aboutir au point de ralliement du Jardin des deux rives. Là, les passages répétés d’un hélicoptère à basse altitude rendent quasi inaudibles les propos des intervenants. Bientôt, s’élève un épais nuage de fumée noire à proximité : l’ancien bâtiment des Douanes et l’hôtel Ibis sont en flammes. Les gaz lacrymogènes commencent à aveugler les manifestants.. Les organisateurs demandent de se replier rapidement vers le côté gauche de la scène pour le départ de la manifestation.

Le piège policier

Peu après, le cortège est coupé par les forces de police, des barrages sont mis en place sur les ponts, avec de hautes grilles et des barbelés. Le dispositif est conçu de telle façon qu’il enferme des tronçons entiers de la manifestation ; impossible de continuer ni de revenir en arrière : nous nous trouvons pris dans une véritable souricière. Nous trouverons finalement une issue en passant sous une longue file de wagons en dépôt sur une voie ferrée et en coupant à travers des jardins pour arriver à rejoindre enfin notre car.

Comment et pourquoi en est-on arrivé là ?

Comment cette situation a-t-elle été possible ? Comment ces impressionnantes forces policières n’ont-elles pas été capables de neutraliser les quelques groupes de casseurs ? Pourquoi les camions de pompiers sont-ils arrivés si tard sur les lieux de l’incendie ? Comment évoquer des difficultés de localisation des casseurs alors qu’un ballet d’hélicoptères en liaison constante avec le commandement à terre n’a pas cessé durant toute la journée ?

Se rendre à l’évidence

A la lumière des faits, la réponse n’est que trop évidente. En laissant se développer les incidents avant d’intervenir, on occultait le caractère pacifiste de la manifestation ; ce qui va ensuite susciter dans l’opinion l’amalgame entre les groupes violents et l’immense majorité pacifique. Le maire de Strasbourg, témoin bien placé de l’événement, a d’ailleurs mis en cause l’appareil policier ; et les déclarations de la ministre Alliot-Marie tentant de disculper ses services ne changent rien à la réalité.

Plus que jamais, lutter pour la paix

L’ordre public autant que le droit de manifester, qui devraient être respectés dans toute démocratie, ont été incontestablement bafoués. Mais les voix de la paix ne se tairont pas pour autant. Elles diront que le renforcement de l’OTAN, organisation militaire issue de la guerre froide, est un non-sens ; que la réintégration par notre pays du commandement militaire sous leadership états-unien est un mauvais choix, qui ne peut que nous entraîner davantage dans un engrenage de guerre comme c’est le cas en Afghanistan, et dans un processus de relance de la course aux armements qui engloutit des sommes folles pourtant indispensables à la satisfaction des besoins vitaux de l’humanité.

Pour le Collectif de Savoie « Contre-sommet de l’OTAN »,

Georges PELLET, coordonateur.

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