L’agence de notation Moody’s a donc jugé utile d’abaisser la note de la France le jour du vote du budget à l’assemblée nationale. Quel meilleur symbole de l’inutilité de faire le dos rond devant la finance en espérant que cela la fera rentrer à la niche. Mais ce gouvernement ne peut être accusé de ne pas savoir. C’est donc de façon délibéré qu’il cède dès qu’un groupe de pression des actionnaires monte à l’attaque. Et à chaque fois qu’il recule, les représentants de la finance avancent leurs pions pour la prochaine offensive. La baisse des dépenses publiques induites par le budget voté aujourd’hui à l’assemblée (les députés du Front de Gauche se sont abstenus, le PG était pour un vote contre) ne suffit pas aux actionnaires rapaces et aux ultrariches. Ils en veulent toujours plus. Nous savons que la phase suivante c’est la remise en cause du CDI, de la protection, pourtant insuffisante, contre les licenciements, du montant des indemnités de licenciement et de chômage. Nous savons tout cela par cœur et le gouvernement aussi. Pourtant ce dernier a pris fait et cause pour les patrons contre les travailleurs, les précaires et les chômeurs en reprenant le discours libéral sur le coût du travail. Évidemment la droite s’empresse d’en rajouter elle aussi. Et l’élection de François Copé à la tête de l’UMP, au bout d’une nuit de vaudeville qui n’a rien eu à envier au congrès de Reims du PS, marque l’évolution de l’UMP vers une droite agressive et sans complexe pour reprendre certaines thématiques du FN. Cela va de pair avec le retour de la morale réactionnaire telle qu’elle s’exprime contre l’égalité des droits dans le mariage, ou des plaintes pour blasphème en utilisant le droit d’Alsace-Moselle. Nous avions bien eu raison de le dénoncer puisqu’on voit aujourd’hui des intégristes de plusieurs religions (catholiques, musulmans) qui n’hésitent pas à l’utiliser pour imposer leur vision rétrograde de la société. L’extrême-droite peut alors se développer sur ce terreau fertile, non seulement le FN qui profite de la respectabilisation donnée à sa présidente par les médias, mais aussi des groupuscules violents qui n’hésitent pas à agresser des militants du Front de Gauche (récemment des camarades du PG à Tours) et des contre manifestants pacifiques lors de la manifestation des intégristes catholiques dimanche à Paris (Femen) ainsi que des journalistes. Ils montrent ainsi leur vrai visage. Le gouvernement ne doit faire preuve d’aucune faiblesse contre ces groupes d’extrême-droite. Dans ce contexte, l’heure n’est pas à l’alliance au centre comme la direction du PS semble être tentée après les gestes pro-gouvernement du Modem (félicitations de Bayrou à Hollande pour son discours de mardi, abstention sur le budget en commission des finances au sénat et à l’assemblée du seul député Modem). Cela permettrait au PS de pousser dehors EELV et de relancer l’exploitation des hydrocarbures de schiste. Déjà la gauche du PS qui a voté contre le TSCG s’alarme de cette possible évolution au centre. Le moment va venir où les uns et les autres devront choisir.
Martine Billard,
co-présidente du Parti de Gauche