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Rassemblement de soutien à un opposant au Lyon-Turin attaqué en justice
Le vendredi 11 juillet 2014, des camarades du PG de Chambéry mais également de Maurienne, de Lyon, de l’Isère et même de Shangai étaient rassemblés avec les militants du PCOF, de NO-TAV, des opposants italiens, d’EELV, des alternatifs. Plus de 150 militants devant le palais de justice en soutien à Daniel IBANEZ, cité à comparaitre pour « injures » envers M. Hubert Du Mesnil, président de Lyon Turin Ferroviaire (LTF).
Alors que les critiques contre la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin se multiplient, la société LTF, chargée de réaliser la partie commune franco-italienne entre Saint-Jean-de-Maurienne en France et Bruzolo en Italie, avait décidé de poursuivre l’une des figures publiques des opposants français, sur la base de propos rapportés par le Dauphiné Libéré et contestés par Daniel Ibanez.
L’entreprise qui appuie logistiquement les forces de l’ordre italiennes, tente par tous les moyens de réduire au silence l’un des opposants les plus actifs face aux contrevérités assénées par les promoteurs d’un projet inutile, dispendieux et aberrant. Une entreprise dont le directeur général et le directeur des travaux ont été respectivement condamnés à 8 mois et 1 an de prison par la justice italienne pour trucage d’appel d’offres. Sans que l’entreprise ne se porte partie civile.
On rappellera que la Cour des Comptes a dénoncé l’explosion de la facture du projet alors que « les prévisions de trafic établies dans les années 1990 ont été fortement remises en cause depuis », qu’elle a pointé l’absence de financements adéquats, une « faible rentabilité socio-économique », et regrette que « des solutions techniques alternatives moins coûteuses aient été écartées sans avoir toutes été complètement explorées de façon approfondie ». Elle a recommandé « de ne pas fermer trop rapidement l’alternative consistant à améliorer la ligne existante ». Ce qui est peu ou prou le point de vue des opposants qui dénoncent de plus, la destruction de 1500 hectares de terres agricoles et la pollution des ressources hydrologiques.
Pour toutes ces raisons, le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin est une injure au bon sens et à la transition écologique et sociale !
Marquer notre solidarité avec Daniel Ibanez, c’était exiger la protection des lanceurs d’alerte et refuser la criminalisation des mouvements sociaux. En Italie, 800 citoyens sont poursuivis par la justice et risquent de lourdes peines de prison et d’énormes sanctions financières.
Après les rapports sur l’état déplorable du réseau ferré français, il est inacceptable que l’argent public soit dilapidé pour un projet que rien ne peut plus justifier :
– les trafics sont en baisse depuis 1994, la ligne ferroviaire existante permet de transporter dès aujourd’hui au moins 80 % des marchandises qui circulent entre la France et l’Italie. Et ne pas l’utiliser aujourd’hui, conduit à la mise en danger de la vie des riverains comme l’a confirmé l’OMS.
Le parti de gauche s’est prononcé pour :
– l’utilisation de la ligne ferroviaire existante qui a été rénovée, mise au gabarit GB1 et qui n’est utilisée qu’à 17 % de sa capacité,
– la mise en service de la gare de report modal à Ambérieu comme prévu par RFF et RFI,
– que soient engagés les travaux de doublement des voies ferrées pour Chambéry et Annecy qui sont encore desservies par des voies uniques,
– la mise en sécurité du réseau ferré national qui depuis de longues années n’a pas été suffisamment maintenu et entretenu comme le révélait déjà l’audit remis en 2005,
– que l’on cesse de dilapider les deniers publics alors que le gouvernement cherche 50 milliards dans les poches des contribuables.
Le Tribunal de Chambéry a finalement rejeté la demande de LTF.
Ce procès était à l’évidence une instrumentalisation de la justice pour faire taire des opposants qui démontrent l’inutilité d’un projet et l’immense gâchis financier.
Combien d’écoles, combien d’hôpitaux ou de services publics sont ou seront supprimés pour financer le Lyon-Turin ? Combien de temps faudra-t-il attendre pour que les marchandises circulent enfin sur les trains ?
Communiqué du PG sur le conflit d’intérêts
Daniel Ibanez, opposant à cet aménagement, était cité à comparaître au tribunal Correctionnel de Chambéry le vendredi 11 juillet 2014, pour « injures » envers M. Hubert Du Mesnil, président de Lyon Turin Ferroviaire. Cette poursuite judiciaire portant sur des propos rapportés par la presse, d’ailleurs contestés par D.Ibanez, est un leurre qui évite le véritable débat sur un possible conflit d’intérêt du Président du Lyon-Turin dans la gestion de ce projet.
En effet, Monsieur Hubert du Mesnil a été directeur général de 2005 à 2007 puis président de Réseau Ferré de France jusqu’à la fin 2012. Au cours de sa présidence, la dette de RFF est passée de 27,4 milliards d’euros à 32,2 milliards d’euros ce qui ne l’a pas empêché de mettre le projet Lyon Turin à l’enquête préalable alors que RFF ne disposait et ne dispose toujours pas des financements nécessaires. Il a lui-même reconnu dans un article de l’IFRAP que les prévisions présentées lors de l’enquête publique ne correspondent pas à la réalité.
Nommé en avril 2013 président de la société Lyon Turin Ferroviaire (LTF), financée exclusivement par l’argent public, Monsieur Du Mesnil est en même temps président de l’Institut de la Gestion Déléguée (IGD), association qui milite activement pour la délégation des services publics au privé. Or l’IGD accueille en son conseil d’administration la société SPIE Batignolles, société qui vient de signer un marché avec la LTF de 400 millions. Pas de conflit d’intérêts ?
S’inquiéter de l’impartialité de Hubert du Mesnil, compte tenu de son militantisme avéré pour les partenariats public/privé, apparaît donc justifié.
C’est pourquoi le Parti de Gauche apporte son soutien à Daniel Ibanez dans son combat pour la transparence. Le Parti de Gauche réitère à cette occasion son opposition à ce projet inutilement coûteux et absurde en terme de transports.
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